à Simon V.
j’étais déjà loin
peut-être dans tes bras
je me souviens j’avais
la tête explosée sur toi
je tremblais
ta voix m’a calmé
une résonance d’un son de terre
un tremblement de peaux
les yeux vides
nous avions la nuit pour pleurer
–
ça avait commencé
sur un corps de fusain
un homme de traits de lignes
de blanc vide
un homme fantasmé
je t’avais pris pour modèle
quand tu étais parti
j’avais voulu dessiner ta chair
dessiner ta peau tes courbes
me souvenir de toi
–
nous nous étions retrouvés plus tard
cafés et cigarettes
et silences
la distance transpirait de nous
de nos mots abstraits
sous le soleil d’europe
nous étions loin du temps où
nous étions deux pour regarder
nos lunes sur la montagne
–
tu nous regardes dans le miroir
pour la dernière fois
tu nous contemples collés
tu fermes les yeux
nous marchons dans la rue
pour la dernière fois
aux regards contemplants
nous fermons les yeux
je rentre seul chez moi
comme demain
mes yeux fermés
–
tu oublies lentement que nous étions
que nous avions vécu
tu t’effondres souvent chez toi je sais
et sous la lame des fois
ta peau fleurit rouge
c’est la neige chez toi
sous le lampadaire bruyant tu pleures
mais l’hiver est bientôt fini
malgré les briques glacées
–
et puis c’est mon tour
l’hiver est bientôt fini mais j’ai peur de toi
j’ai peur de ta distance
de ton amérique
ta peau poussière s’effrite
je perds ton visage
un jour mes souvenirs sont au passé
j’étais déjà loin
peut-être dans tes bras